Josette Baïz

Gare Centrale, tout le monde descend.

Direction : Grand Hôtel.

Passé la porte tourniquet, soyez les bienvenus dans ce hall blanc immaculé.

Ici tout est pensé pour votre bien être, une nouvelle expérience vous attend.

Déconnectez-vous de tout, soyez vous-même, le Grand Hôtel vous invite à un rêve éveillé.

Enfoncez-vous dans cet accueillant sofa, à partir de maintenant, rien ne sera plus comme avant.

Vous verrez l’espace se transformer à vue, le blanc pur se teintera d’échos d’architectures futuristes venus d’on ne sait où.

Allongez-vous sur ce matelas profond, bientôt tous les repères cognitifs vont glisser à cent à l’heure. 

Les murs vous renverront des images, une expérience sensorielle inédite va vous propulser vers un futur possible …

A ce moment précis, l’air se réchauffe au contact du feu qui se sent menacé par l’eau qui ne venait pourtant que pour humidifier l’atmosphère. On ne sait pourquoi, dans ces interstices temporels, des forces démiurges vont convoquer les éléments que des prêtresses accompagneront.

On vous avez prévenu, rien n’est plus comme avant.

Désormais, vous ne savez discerner ce qui est réel de ce qui ne l’est pas. Vous doutez de ce que vous percevez. Il faut dire que je ne sais quelle tribu a prise ce mur pour se loger !

Comment font-ils ? 

On ne sait.

Comme cet autre individu... par quel physique est-il apparu ?

Il semble avoir fait un pas de sept lieux pour nous parvenir en un instant.

Et maintenant, c’est sûr, vous êtes troublé.

Vous attendez que quelqu’un de votre connaissance vous apparaisse pour vous ramener à la réalité.

C’est sûr, ce Grand Hôtel ne ressemble à aucun autre.

Existe-t-il vraiment ?

On ne sait.

Ce dont on est certain, c’est qu’il est fait de métal sur lequel le designer est venu tendre des toiles à la matière blanche incertaine.

Il a posé sur le sol, blanc laqué, des mobiliers aux contours anamorphiques. Proche de l’entrée tournoyante, il a quand même laissé un comptoir pour accueillir les visiteurs.

Tel un écran, ce Grand Hôtel au blanc dominant, reçoit avec bonheur, les images que la chorégraphe lui envoie.

Ici, tout change, tout bouge.

Bienvenu au Grand Hôtel.

Vous restez combien de temps ?

Vous ne savez pas ?

Je comprends, ici le temps s’arrête, souvent.

Ici et depuis longtemps, vous pouvez même croiser des hommes ou des femmes qui ne repartiront jamais…