Josette Baïz

Roméo & Juliette

 

Groupe Grenade

Chorégraphie Josette Baïz

Musique Serge Prokofiev

interprété par l’orchestre des Jeunes de la Méditerranée dirigé par Gianandrea Noseda

Costumes Philippe Combeau

Scénographie et Lumières Dominique Drillot

Textes Frédéric Nevchehirlian

Création à Aix en Provence,

Grand Théâtre de Provence

Dans le cadre du Festival d’Art Lyrique

Coproduction Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la Culture

26 juillet 2013


« J’ai escaladé ces murs sur les ailes de l’amour :

car les limites de pierre ne sauraient arrêter l’amour,

et ce que l’amour peut faire,

l’amour ose le tenter ;

voilà pourquoi tes parents ne sont pas un obstacle pour moi. »

 

William Shakespeare, Roméo & Juliette

 


Dans Roméo et Juliette, Shakespeare nous parle d’empêchements et de mobilités.

Si l’espace est contraint, l’amour saura s’en satisfaire.

Si les obstacles sont trop hauts, les amoureux sauront les gravir fort de leur amour. 

Dans cette tragédie amoureuse, les murs sont une nécessité impérieuse. Ils définissent les espaces qui se succèdent, les intérieurs autant que les extérieurs, les chambres autant que les palais. Les personnages du drame traversent ces lieux en permanence. Ils s’y arrêtent fréquemment pour se jauger, pour se battre, pour se détester et pour s’aimer. Ici, il semble que les images en travelling soient les bienvenus, c’est sans doute pour cela que ces obstacles un peu hauts glissent sur le sol anthracite. Ils  marquent des territoires provisoires que les personnages empruntent. Ils définissent des espaces aux mesures changeantes qu'accompagnent les actions fatales.

Munis de leurs cottes de mailles, ces murs nous laissent voir toutes les actions simultanées. Leurs relatives transparences nous montrent les squelettes de leurs structures métalliques. D’un retournement, ils font apparaître de quoi ils sont faits, les verticales d’acier se complètent des horizontales en d’improbables constructions post-industrielles hors du temps. Sans qu’ils aient à se déplacer, ils nous donnent à voir des parcelles d’intimités que d’autres personnages ignorent encore. Parfois, grâce à la lumière changeante, ils se parent d’or pour donner à voir la richesse des palais. Ils se teintent ensuite de couleur acier et menaçante, l’heure du drame doit sans doute être très proche.

Ici, à chaque scène, l’action s’accompagne d’une architecture particulière. L’amour sera doux dans son aspect, mis à l’épreuve, il sera comme les murs qui l’accompagnent et comme le définit Shakespeare : tyrannique et si brutal… 


Dominique Drillot