Josette Baïz

 Oliver Twist

 Groupe Grenade

 

Chorégraphie Josette Baïz

Musique Jean-Jacques Palix & Carmore

Scénographie & Lumières Dominique Drillot

Costumes Patrick Murru

Création à Aix-en-Provence (France), Grand Théâtre de Provence

27 novembre 2009

 

 

À l’heure de notre société en crise, Oliver nous renvoie à nos phobies de l’abandon. Cet enfant cristallise nos angoisses. Cet enfant abandonné, exploité, dupé, malgré tout aimé, nous évoque notre époque actuelle par les analogies contemporaines que nous pouvons faire, loin de nous, bien que...

L’époque est sombre, globalement, les situations sont glauques, foncièrement, pourtant cet enfant, par sa naïveté et son désir d’être aimé, fait confiance. Il se rapproche de la bande, petit gang, elle-même exploitée, et lui livre un cadre de vie, même rustre et contre sa nature, auquel il s’accroche comme il peut. Ne vaut-il pas mieux un cadre de vie sommaire que pas de lieu du tout ? Il nous dit que l’enfant est près à tout accepter, même dans son malheur, pour le forcer à s’en sortir.

 

Les lieux de l’action sont des espaces multiples, changeant à vue au gré des accessoires qui les délimitent. Tantôt chaleureux, tantôt froids, ces espaces délimitent des airs de jeux qui évoluent aux mesures des actions chorégraphiques.

Intérieurs et extérieurs, ces espaces urbains, In and Out, permettent à l’histoire de ce gamin de se construire en marge de la société qui le rejette.

 

Construire et déconstruire en même temps.

Construire les espaces clos, le pensionnat, les maisons et le bar.

Déconstruire et faire exister la rue, non accueillante  autant que les salons feutrés.

La faune urbaine autant que le refuge de la maison sont convoqués à cette aventure d’enfant.

 

Tout l’espace est évoqué par les visions de cet enfant, rien n’est réaliste, nous sommes dans un espace de projection qui révèle les actions de cette société parallèle et agressive.

Il est question d’une fable des temps anciens, du XIXè plus particulièrement, que l’actualité brutale de notre époque réactive.

 

L’espace de cette histoire est une scène de théâtre où rien n’est réaliste. Par le jeu d’un rideau sombre qui monte et qui descend, d’un tulle noir, tel un voile brumeux, qui assombrit le cyclo blanc immaculé, la scène initialement pensionnat impersonnel se transforme en un extérieur hostile et glacial. Les horizons transformistes se complètent d’une chorégraphie de meubles anguleux, tables et bancs, qui glissent sur le sol et accompagnent la chorégraphie. Les enfants, ouvriers de ces changements à vue qui se succèdent, dressent parfois les tables en d’improbables architectures urbaines et simulent des constructions instables.

Tout bouge, tout change, les éléments démultiplient les états d’âme de cet enfant perdu.  A lui seul il parvient quelquefois à réchauffer les espaces de son trop plein d’humanité. Une lueur d’espoir, enfin ! L’affaire est à suivre en un parcours de vie, une longue vie d’enfant pourtant si jeune.

 

 

Dominique Drillot, mars 2009.